Le sacrifice de la paix- Citation du Lundi

Une nouvelle semaine commence dans le 7ème mois de l’année 2015 et une lueur de tristesse, semble envahir mon coeur. Mais où suis-je donc? Qui serait en ce moment en train de s’exprimer? Serait-ce moi? A quand la paix?

Auparavant, j’étais riche. J’avais des immeubles sur toute la côte Est de la lagune de l’Ebrié. J’étais un homme respecté, apprécié, adulé et je m’efforcais de le mériter en retour en faisant preuve de générosité en permanence.

Vint un jour où un homme m’approcha. Sa rencontre devait à jamais donner à ma vie un tour funeste mais sot, je n’avais point vu cela venir. Mais faible, je n’avais pas su alors que je détenais un trésor à tout point inégalable: la paix.

Cet homme avait l’air d’un soldat, mais ne le reconnaissais pas. Cet homme avait tout l’air d’un ami du sang et de la guerre, mais il prétendait avoir les deux en sainte horreur. Cet homme avait tout l’air d’un charlatan, d’un opportuniste, invoquant dans un même discours, Dieu, Allah, et la déesse Baoulé « Gé » avec une facilité et une harmonie jamais encore entendue. Pour autant de cela aussi, il se défiait. Il se contentait de s’appeler croyant. Malgré toutes ces apparences, cet homme qui s’admettait uniquement « politicien » gagna progressivement mon support.

Le support fut économique financement pour des achats faramineux que j’essayais sans cesse de pister), médiatique (oui, j’usai de ma personne pour le mettre en valeur, lui donner de la notoriété, de l’assurance), logistique (il utilisa mes bureaux, transforma un de mes immeubles en Quartier Général). Tout ceci alla si vite jusqu’à ce jour funeste..

Funeste, il en fut. 3000 personnes tuées en un jour dont le président de la République. Un nettoyage politique pur et simple fomenté, planifié et exécuté par mon cher ami, l’homme au boubou blanc. Je regardais les images de la chaine nationale et je n’en croyais pas mes yeux. Je n’en croyais pas mes oreilles car très vite mon nom fut associé au carnage. Moi qui n’avais rien su. Moi qui n’avais rien vu ou voulu voir. 3000 personnes qui n’avait rien demandé. Et cela n’avait été que le début. Cinq ans de guerre sanglante avaient suivi. J’avais été sommé de financer ou tout perdre. J’avais refusé et j’avais effectivement tout perdu. Mes immeubles avaient été incendiés. Mes comptes scellés, mes entreprises nationalisées. Ce fut le début de ma chute et celle de mon beau pays.

Aujourd’hui, dix ans après, l’homme au chapeau blanc n’est plus de ce monde. Il n’est donc plus là pour laver mon nom. Ce nom reste désormais associé à cette guerre civile comme l’un de ses instigateurs. Je suis désormais un lion en cage dont tout le monde se méfie. Et mon pauvre pays, la guerre a tout détruit. Des forces étrangères sont désormais installées sur nos terres avec pour mission de « sécuriser ». La nourriture est rationnée, le couvre-feu est de mise. Tout ceci avait commencé comme une simple bagarre politique entre deux adversaires dont l’un était l’homme au boubou blanc. J’avais fait le mauvais choix. Plutôt qu’apaiser, j’avais fourni les moyens pour attiser et j’avais reçu ma juste récompense. Le peuple, le destin et très certainement Dieu me l’avaient infligé. Aurais-je pu faire différemment? Aurais-je pu me sacrifier pour la paix? Aurais-je pu être moins sensible aux flatteries de l’homme au boubou blanc? Je ne le saurai jamais. Je ne peux que penser à ce vieux proverbe de chez nous qui célèbre celui qui sait apaiser la bagarre, celui qui fait le sacrifice de la paix.

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Un sacrifice de Paix.

Cette récompense aurait pu être mienne. J’aurais pu stopper l’homme au boubou blanc. Il ne me reste désormais que regrets amers et sentiment d’échec. Le sacrifice de la paix, nous devrions tous le faire, plus souvent. 

C’était La Citation du Lundi. 

Xoxo,

Anna KEDI SIADE ♦

PS: Toutes ressemblances avec des faits ou personnages réels, n’est que pure coïncidence.

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